La semaine se termine par la suite de l’article sur le célèbre pont Taché, un excellent texte signé Gaétan Forest, dont la première partie a été publiée sur le blogue la semaine dernière. On retrouve la fameuse structure dans ce qui pourrait être considéré comme la deuxième moitié de sa vie, car en effet un drame va changer le destin du pont Taché. Merci à Gaétan de partager avec nous le fruit de ses nombreuses recherches.
De retour mardi…
Le pont Taché : du costaud (2e partie)
par Gaétan Forest
Tout allait relativement bien pour le pont Taché depuis sa construction en 1894. Après une série de travaux d’entretien, et particulièrement la réfection des piliers en 1920, les usagers pouvaient franchir la grande structure en toute confiance. Toutefois, la crue extraordinaire qui affecta tout le bassin du lac Saint-Jean au printemps 1928 eût des répercussions sur la Grande Décharge. Le jeudi 24 mai, l’approche à l’ouest du pont rouge disparaissait déjà sous plus d’un mètre d’eau. Une automobile enlisée avait été abandonnée par son propriétaire intrépide qui avait tenté de contourner l’obstacle. Le lendemain, l’eau continuait de monter, atteignant quelque sept mètres au-dessus du niveau normal. La passerelle du côté de Saint-Nazaire fut emportée. Les énormes vagues écumeuses frappaient maintenant les lambris en formant un jet d’eau inquiétant. En fin d’après-midi, plus personne ne se risquait à traverser le pont à pied. Le courant déchaîné emporta les trois travées du côté est durant la nuit du 26 au 27 mai. Quelque 122 mètres de structures allèrent s’échouer à plusieurs kilomètres en aval. Seule resta intacte la grande travée, imperturbable. Le petit pont couvert sur le canal secondaire fut également épargné.