
Photo : AnC PA-24313.
La dernière semaine d’octobre se termine merveilleusement bien puisque nous avons droit à un nouveau texte inédit signé de la plume de notre ami Gaétan. Ce billet historique nous conduit à la rencontre d’une célèbre structure disparue, soit l’imposant pont Taillon de St-Félicien. Comme le mentionne le titre de l’article, ce pont était particulier à cause de sa forme pour le moins étrange. Afin que tout le monde puisse bien profiter de ce texte riche en informations, le blogue sera de retour mardi prochain. Un immense merci à Gaétan pour le précieux temps qu’il met à la rédaction de ces articles d’une grande qualité. Bonne lecture!
Le pont croche des Bleus
par Gaétan Forest
Une délégation de parlementaires était en visite officielle au Lac-Saint-Jean. On y remarquait, entre autres, le premier ministre Louis-Olivier Taillon, le ministre de l’Agriculture et de la Colonisation Louis Beaubien, le président du Conseil législatif Thomas Chapais et le député du comté de Lac-Saint-Jean, Joseph Girard. Le lundi matin 28 août 1893, la troupe quitta Saint-Félicien pour se diriger vers le canton Pelletier, qui avait été ouvert à la colonisation depuis peu. Déjà les voyageurs éprouvaient une première contrariété, celle d’être retardés au passage de la rivière Ashuapmushuan. Ils étaient dans l’obligation d’utiliser un « bac assujetti à un câble métallique, fixé lui-même à des tiges de fer placées sur des bouées », un esquif peu rassurant par grands vents. La traversée des nombreuses voitures des excursionnistes s’échelonna sur plus de deux heures. Les parlementaires se promirent alors de faire construire un pont à cet endroit dès que les finances de la province le permettraient. Un bon chemin reliait déjà les paroisses Saint-Félicien, Saint-Méthode, Mistassini, Normandin et Albanel, mais la question du pont manquant sur la grande rivière avait fait l’objet de promesses sans lendemain de la part du gouvernement libéral d’Honoré Mercier. Le député conservateur Louis-Edmond Panneton, de Sherbrooke, qui accompagnait les voyageurs, était convaincu de l’importance d’un tel projet et promettait de l’appuyer à la prochaine session parlementaire. Les dignitaires s’en allaient inaugurer un grand pont de bois construit récemment sur la rivière Mistassini, près du monastère des pères trappistes (voir article Du pont Michel-Louis au pont Price). À leur retour après la cérémonie, en passant par la colonie de Normandin, les ministres furent sensibilisés par le cultivateur Narcisse Picard sur l’importance du pont de Saint-Félicien pour le développement de toute la région au nord du lac Saint-Jean. Le gouvernement fit alors la promesse d’envoyer dès que possible un ingénieur pour visiter les lieux, et si son rapport était favorable, une demande de fonds pour la construction d’un pont serait aussitôt soumise à la Chambre d’assemblée. 1
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