Ce mois-ci pour la chronique Histoires de ponts, il s’agit d’un sujet qui a déjà été abordé sur le blogue par le passé, mais pas avec autant de détails. On y parle des célèbres triplets de Val-Alain, mais surtout des chantiers en rivière qui modifient les cours d’eau…
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Un gros chantier à Val-Alain
par Gérald Arbour
La rivière du Chêne prend sa source près de Sainte-Agathe et se jette dans le fleuve à Leclerville, un parcours de 40 km, en ligne droite. Mais cette rivière compte de nombreux méandres. Son débit moyen est de 6,6 m3/s.
Avant 1970, dans le rang 1 de Val-Alain, la rivière du Chêne coupe la route à trois endroits sur une distance de moins d’un kilomètre. Les trois ponts qui franchissent la rivière sont de type à poinçons, en bois et non couverts. En 1942 l’un d’eux s’effondre et les deux autres ne paient guère de mine. En mars 1942, des plans préparés par Lucien Martin du ministère de la Colonisation et approuvés par Paul Vincent sont disponibles pour corriger la situation qui perturbe la circulation au rang 1. La solution retenue consiste à remplacer au moins deux des trois ponts désuets par des structures en bois, couvertes, quasi identiques et typiques du Ministère.
Un grand chantier débute donc avec la construction de 2 ponts simultanément. Le troisième est hors champ du photographe et, bien qu’il soit d’un style proche des ponts jumelés, il a été construit quelques années plus tard. Aucune photo n’indique la présence de machinerie sur le chantier. L’homme et son cheval semblent avoir réalisé le gros du travail et le chantier a été mené rondement.
Nés au même moment, ils seront également démantelés la même année, en 1971. Que s’est-il passé pour que des ponts encore sains, âgés de moins de trente ans, soient démolis? Les interventions en rivière et documentées du ministère de l’Agriculture remontent à 1917. Ces interventions, avec pelles et béliers mécaniques, ont principalement pour but d’améliorer le drainage des terres afin d’en augmenter le rendement. Accessoirement, des problèmes d’embâcles ou d’inondations sont réglés au passage. En 1945, le Ministère aménage et redresse environ 350km de cours d’eau par année. Vingt ans plus tard, c’est 4 fois plus. Jusqu’à la fin des années 1980, les interventions lourdes en rivière ne suscitent aucun débat. Ce n’est qu’avec l’apparition des préoccupations d’ordre environnemental que le constat des dégâts causés par une telle pratique a été établi mais les rivières à problèmes ont été travaillées depuis bien longtemps.
Plusieurs cours d’eau de l’Abitibi ont reçu la visite des dragues du ministère de l’Agriculture. Sur la photo ci-haut, on voit le travail effectué au ruisseau Leslie dans le canton de Rousseau. Le pont des Pionniers (61-02-32) franchit ce cours d’eau.
C’est ce type d’intervention qui a affecté le secteur de la rivière du Chêne à Val-Alain. Le cours de la rivière a été modifié, les méandres sous les ponts ont été éliminés et deux des trois ponts n’avaient plus leur raison d’être. Ils ont été démolis et l’ancien lit de la rivière a été remblayé.
Ce texte réfère aux ponts Caron, Morin et Bolduc de Val-Alain répertoriés dans la liste de la Société québécoise des ponts couverts et qui portent les numéros 61-40-04, 05 et 06.
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