En ce mois de septembre, c’est à Grand-Remous que la quatrième chronique mensuelle Histoires de ponts nous conduit cette fois. Bien sûr, vous aurez deviné que le pont Savoyard est en vedette dans cette intéressante chronique…
Turbulences à la chute du Grand-Remous
par Gérald Arbour
La municipalité où a été érigé le pont Savoyard en 1931 s’appelle Grand-Remous. Et ce Grand-Remous, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas situé au cœur du village, sous le pont de fer, mais bien au site du pont couvert. Il faut déjà avoir vu tourbillonner les billes de bois captives de ce remous pour réaliser toute la force du courant à cet endroit.
Lors de sa construction, le pont Savoyard (61-25-15) était muni d’une longue approche en bois sur la rive droite de la rivière Gatineau. Ces longues approches, ou avant-ponts, sont une caractéristique souvent présente pour les structures de type Town. Elles offrent l’avantage de raccourcir la longueur de pont à construire. En contrepartie, elles sont généralement construites en bordure du lit de la rivière ou carrément en rivière. De plus, cet échafaudage comporte parfois un nombre plus ou moins important de piliers. Ces piliers, construits différemment de ceux qui supportent le pont, sont les premiers affectés lors de débâcles, débordements ou éboulis. Enfin, étant non couvertes, ces approches nécessitent un entretien régulier qui réduit considérablement l’avantage relié au fait de construire un pont en bois couvert dans sa totalité. À toutes ces raisons, il faut ajouter l’augmentation du volume de la circulation pour expliquer leur quasi-disparition.
Compte tenu de ce qui a été dit précédemment, c’est sans grande surprise que vous lirez que cette approche a été emportée, au moins deux fois plutôt qu’une. La première fois, qui est documentée, c’est en 1948. La chose s’est reproduite au début des années 1970.
Pour régler définitivement le problème, le chemin conduisant au pont a été relevé de plusieurs mètres pour l’amener au niveau du tablier et ainsi éliminer le besoin de reconstruire l’approche en bois. C’est cette configuration des lieux que la majorité d’entre nous connaissons depuis que nous allons visiter ce pont rouge.
Parmi les autres turbulences survenues à cet endroit, il faut noter qu’en 1966, le vent a causé d’importants dommages à la toiture faite d’un revêtement de tôle. Elle a été complètement remplacée à ce moment là.
Construit au canton Sicotte, l’endroit est maintenant rattaché à la municipalité de canton de Grand-Remous depuis 1973. Il n’y a plus de flottage du bois sur la rivière depuis 1992 et les lieux ont été désertés par les draveurs. Le vrombissement des remorqueurs qui s’affairaient à rassembler les trains de billes s’est estompé. L’urbanisation a grignoté un peu du territoire jadis forestier et agricole aux abords du pont. C’est donc dire que la vénérable construction de bois, âgée de plus de 82 ans, peut prétendre être un témoin important des grands changements survenus dans le secteur de la chute du Grand-Remous. Pour services rendus, cette structure mériterait d’être citée monument historique par la municipalité.
BONNE FIN DE SEMAINE
DE RETOUR MARDI…