Notre ami Simon est toujours à la recherche d’aventures riches en rebondissements. Après être parti à la recherche du pont de la Traverse l’été dernier, voilà qu’il a exploré le site d’un pont couvert démoli en 1977. C’est donc avec grand plaisir que je peux ajouter le pont Ruisseau-Creux dans la section des disparus. Cette structure portait très bien son nom comme on peut le voir sur les nombreuses photos. Construit en 1936 à Marsoui, ce pont était situé sur l’ancienne Route 6, soit le chemin qui faisait le tour de la Gaspésie à l’époque. Lorsque la route 132 a été aménagée en bordure du fleuve, le pont Ruisseau creux est demeuré en place, mais son existence était peu connue puisqu’il était caché dans la montagne. Démoli en 1977, on a laissé tomber plusieurs sections du pont dans le ravin afin de s’en débarrasser. Joseph Conwill avait exploré l’ancien site en 1986. Gaétan y est retourné en 1988, puis Gérald en 1992. Et maintenant Simon, qui en 2017, nous résume son aventure en détails dans le billet du jour. Ne manquez pas à la fin de l’article les nombreuses photos prises à plusieurs époques différentes. Merci à Simon pour ce texte instructif et captivant. Merci aussi à Gaétan et Gérald pour leur indispensable collaboration. Le blogue fera relâche jusqu’à mardi…
À la recherche du pont oublié 31 ans plus tard
Par Simon Pratte, 28 octobre 2017
C’est en lisant un article de Joseph Conwill intitulé À la recherche du pont oublié dans le Pontage Hiver 1987 que j’ai eu l’idée de cette expédition. Si en 1986 il existait les ruines du pont du Ruisseau-Creux 61-23-05 effondré 9 ans plus tôt, dans un endroit difficile d’accès, peut- être y en avait-il encore des traces aujourd’hui.
Le trophée est maigre mais il en reste bien quelque chose et ça vaut franchement le détour…
On voit principalement les culées. Celle du côté Est est à sa place et celle du côté Ouest est au fond du ravin. Dans le flanc Est du ravin on voit des restes de fermes. On reconnait des tronçons des cordes supérieures et inférieures, du métal, quelques bouts des pièces diagonales et un peu de lambris.
Se rendre aux ruines est assez facile, du moment qu’on sache où il se trouvait. On marche quelque centaines de mètres dans un chemin puis environ 400 mètres dans un chemin en friche et on arrive directement au site du pont. Pour ne pas se tromper, il suffit de suivre la ligne électrique, elle suit le bon chemin et passe à l’endroit où passait le pont. Sur les cartes et photos aériennes, on voit un chemin qui part de la 132 et monte dans la montagne près du site. Ce chemin n’existe plus, il a été emporté par la pluie qui a laissé un canyon de 20 pieds de profondeur. Le sommet est accessible par l’arrière-pays à partir du village de La Matre mais moi j’ai laissé mon auto sur le bord de la 132 et j’ai suivi le chemin disparu à pieds.
Attention, l’exploration du site est périlleuse. La vallée est très profonde, les parois sont très abruptes et le sol est friable. Si on veut voir de près les différents morceaux des ruines, on doit descendre et remonter. Du côté Est, si vous regardez bien, il y a un ancien fil télégraphique qui jonche le sol et qui parcourt toute la pente. On peut s’en servir pour s’aider à monter.
Dans mon optique personnelle, je considère les ruines comme étant dignes de figurer dans mon album de photo. Du moment que ce soit des ruines du pont couvert sans modifications et non des objets construits avec du bois provenant d’un pont couvert. J’espère donc trouver d’autres ruines comme celles-ci dans le futur. Aussi, ce sont des voyages extraordinaires.
Cette photo montre la culée Ouest. Il n’en reste presque rien si on la compare à la vue de 1987. On comprend plus tard quand on voit qu’elle est rendue au fond du ravin.
Cette image est intrigante. Elle montre les ruines d’une autre culée du côté Ouest. Elle est construite de façon différente que la principale, elle est plus au Nord et est désaxée par rapport au pont. C’est probablement la culée du pont 23-18 qui aurait été poussée sur le côté pour faire de la place à la nouvelle construction.
Sur cette image, on voit trois pans de la culée Ouest. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait de tablier vue l’épaisseur des planches. C’est les bouts en queues d’arondes qui m’ont fait comprendre qu’il s’agissait de la culée. Par la suite, on voit les mêmes madriers qui servent de lambris sur la culée Est. La pente étant très abrupte, les pans sont très grands. Son niveau de décomposition, comparé à celui des fermes, montre que la culée s’est effondrée relativement récemment.
Voici un agrandissement des queues d’arondes
On voit bien sur cette photo, en arrière-plan, la ferme Nord. Elle est moins compostée que la ferme Sud. Elle est au même endroit qu’un 1987. C’est difficile de dire si tout le bois est encore là ou si des bouts ont été coupés pour être récupéré.
Sur cette image on voit un des très rares bouts de treillis reconnaissable. On y voit un bout de corde et un bout de treillis. On voit aussi un peu de peinture rouge.
On voit ici un autre bout de treillis. Au centre de l’image, un boulon est planté dans un morceau ce corde inférieure de la ferme Nord. Vis-à-vis celui-ci part un bout de treillis. On voit un autre bout de treillis à l’autre extrémité de ce morceau de corde.
Voici le plus beau morceau de ferme. C’est un bout de la corde supérieure de la ferme Nord. La peinture rouge y est encore très visible.
Sur celle-ci on voit les deux morceaux parallèles de la corde supérieure de la ferme Nord. C’est le seul endroit où on voit des deux pièces ensemble. On voit aussi deux morceaux de treillis et de la peinture rouge.
Sur cette photo, on voit du lambris de la ferme Nord. On le voit du côté intérieure. De l’autre côté, le lambris est rouge. On voit aussi le fil télégraphique.
Sur cette photo du lambris, on peut voir de la peinture grise par dessus la peinture rouge.
Voici deux vues de la culée Est. Elle est en bon état mais affaissée du milieu. De cet endroit on prend toute la mesure de la hauteur du pont. Le ruisseau du Petit Pisseux coule tout au fond du ravin et on voit le fleuve qui est au bas de la montagne. Quand on est au fond du ravin, on voit le boit du ruisseau, là où il se jette dans le vire vers une chute d’environ 50 pieds jusqu’au bord de la 132.
Merci Simon d’avoir partagé cette aventure avec nous. Elle est du genre qu’on oublie pas.
Tout à fait d’accord. Ça donne le goût d’y aller!