Pont couvert à Saint-Séverin: des problèmes pour les agriculteurs
par Gabrielle Turcotte
Des agriculteurs militent pour la construction d’un pont alternatif près du pont couvert de Saint-Séverin, puisqu’ils doivent présentement faire un détour important avec leur machinerie agricole pour rejoindre l’autre rive…
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La machinerie étant devenue trop imposante au cours des années, les agriculteurs ne peuvent pas emprunter le pont couvert pour rejoindre leurs terres de l’autre côté de la rivière. Cette situation cause problème, car ce détour entraîne des coûts supplémentaires et une baisse de productivité.
Ces derniers doivent assumer les coûts liés à ce détour comme l’essence, l’usure des pneus et le salaire de l’employé manoeuvrant la machinerie. «Ce tracteur-là coûte 150 $ l’heure à faire fonctionner, si je compte tous les frais. Pour me rendre de l’autre côté, je dois faire un détour de 45 minutes par la 153, donc ça peut monter assez vite», mentionne l’agriculteur Pierre Thiffault en désignant sa machinerie. «Je n’ai quand même pas le choix de prendre ce détour, d’un côté j’ai trop de fumier alors que de l’autre, j’en manque.»
Cette problématique ne date pas d’hier. Dès les années 80, l’évolution de la machinerie agricole rendait déjà impossible le passage sur le pont Bordeleau. Pierre Thiffault et son père Charles-Édouard Thiffault suggèrent donc la construction d’un pont forestier ou d’un pont en bois pour résoudre le problème.
Selon eux, ce pont alternatif pourrait en plus aider à désengorger les routes pendant le Festival western en permettant aux motorisés d’entrer à Saint-Tite par le rang Dessureault, chose impossible pour l’instant même si certains tentent le coup, comme le témoignent les nombreuses égratignures sur le dispositif de hauteur maximale. «Un pont en bois pourrait aussi être un attrait touristique et une particularité pour la région», ajoute M. Thiffault fils.
Il y a quelques années, Charles-Édouard Thiffault avait soumis l’idée d’un pont forestier à la ministre des Transports de l’époque, Julie Boulet, au cours d’une rencontre avec quelques maires de la MRC de Mékinac. On lui avait alors répondu que la construction d’un tel pont entraînerait des coûts trop importants et serait peu envisageable pour des raisons de sécurité.
Les agriculteurs comptent maintenant sur un partenariat entre la MRC de Mékinac, le MAPAQ et le ministère des Transports pour que le projet devienne réalité. «Nous investissons dans de la machinerie de plus en plus imposante pour être plus efficaces et vendre nos produits moins chers, mais le MAPAQ doit aussi nous donner les outils pour être productifs», croit Pierre Thiffault.
La situation géographique particulière du pont les incite à faire appel directement à la MRC plutôt qu’à la municipalité de Saint-Séverin seulement. «Le pont est situé au carrefour de Saint-Tite, Saint-Séverin et Hérouxville, au centre d’un réseau de fermes de qualité qui bénéficieraient toutes du projet. C’est une bonne part de l’économie locale», souligne Charles-Édouard Thiffault.
Certains sont même prêts à y investir personnellement des fonds ou du temps. «Je suis prêt à céder une partie de mon terrain pour qu’on puisse y construire les accès menant au pont forestier, c’est un projet essentiel pour une dizaine d’agriculteurs et possiblement qu’encore plus de producteurs l’utiliseraient», affirme Éric Goulet, qui possède aussi des terres des deux côtés de la rivière des Envies.
Les maires d’Hérouxville et de Saint-Tite affirment avoir entendu parler du projet il y a quelques années, bien qu’ils rappellent que le pont est situé sur le territoire de Saint-Séverin. «C’est un dossier qui est resté ouvert, ce serait une bonne chose pour la région, particulièrement pendant la période du Festival western. Nous serions prêts à l’appuyer, mais il faudrait qu’il soit pris en charge par Saint-Séverin et qu’on ait du financement du ministère des Transports», précise le maire d’Hérouxville Bernard Thompson.
Du côté de Saint-Séverin, on se dit ouvert aux propositions. «Je n’ai jamais entendu parler du projet, mais personne ne nous a approchés récemment. Il faudrait qu’on vienne nous rencontrer avec des propositions», conclut la mairesse Julie Trépanier.
Rappelons qu’aucune rencontre formelle avec les élus de la MRC, des représentants du MAPAQ ou du ministère des Transports n’est prévue pour l’instant.
Source : Le Nouvelliste