Nouvelles et mises à jour
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Oui, retour sur l’incendie du pont couvert Napoléon-Grondin, incendie qui date déjà de 16 ans. On dit qu’il vaut mieux tard que jamais. Mais premièrement, je vous invite à voir virtuellement à quoi ressemble le pont aujourd’hui en 2008. J’ai donc ajouté le vidéo du pont Napoléon-Grondin. Le clip n’est pas très long mais il vaut la peinde d’être vu. Les séquences datent du printemps.
J’ai retracé 2 articles de journaux très intéressants sur le pont Napoléon-Grondin. Le premier relate les faits à la suite de l’incendie du 7 août 1992. C’était un vendredi soir. On peut dire que le pont Napoléon-Grondin est un combattant. Le mardi 4 août 1992, soit 3 jours avant l’incendie, il avait failli être emporté par la crue des eaux. La rivière Le Bras était sortie de son lit à plusieurs endroits. Le sort du pont était alors incertain. On répare ou bien on ne répare pas le pont? Il semble que certaines personnes ne voyaient pas d’un bon oeil de futurs travaux sur le pont car 3 jours plus tard, comme si ce n’était pas assez, on y a mis le feu. Déjà endommagé par la rivière, c’est au tour du feu maintenant de l’achever. Bien que maintenant devenu un grand brûlé, le pont survit toutefois.
Photo : Denis Béchard, collection Gérald Arbour
C’est alors qu’arrive un personnage important dans l’histoire du pont Napoléon-Grondin. Il s’agit de Monsieur Pierre Mathieu. Ce beauceron, fervant défenseur du patrimoine, s’oppose à la démolition des restes du pont par le ministère des Transports. Il réussit a obtenir le montant alloué pour la destruction du pont pour le déménager à la place. C’est donc sur son terrain que Monsieur Mathieu offre une seconde vie au pont Napoléon-Grondin. Il obtient de l’aide d’amis et de citoyens pour rénover le pont et lui donner une allure respectable. Le pont y est toujours en 2008. J’y suis allé au printemps et sur plusieurs poutres, il est encore possible de voir les traces du feu.
Monsieur Mathieu, quant à lui, aurait près de 80 ans. J’ignore s’il est toujours de ce monde mais si quelqu’un a des nouvelles... Il s’agissait d’un bref résumé d’une tranche de vie d’un pont couvert. La lecture des 2 articles suivants vous documentera davantage.
Bonne fin de semaine.
Le pont couvert de St-Éphrem cible d'un incendie criminel
SAINT-ÉPHREM - Le pont couvert de Saint-Éphrem de Beauce, qui avait été endommagé lourdement mardi dernier lors du débordement de la rivière Le Bras provoqué par des pluies torrentielles, a été incendié en fin de soirée vendredi.
De toute évidence, le feu a été allumé par une main criminelle. À l'arrivée d'une quinzaine de pompiers volontaires de Saint-Éphrem, vers 22 h 45, les flammes couraient sur le tablier et les murs à l'entrée sud. «Il y avait même du feu sur du béton. Nul doute que quelqu'un a utilisé un produit accélérant», affirmait, hier, le chef des pompiers, Roger Bureau. Le pont a été détruit aux trois quarts.
L'alerte a été donnée par un résident de La Guadeloupe au centre de coordination d'urgence de CAMBI (Corporation ambulancière de Beauce, situé à Saint-Georges.
Long d'une quarantaine de pieds, ce pont est situé dans le rang Saint-Jean-Baptiste qui relie Saint-Éphrem à La Guadeloupe. Il avait été construit vers 1930.
La semaine dernière, les structures du pont avaient été ébranlées fortement par la crue des eaux. La rivière Le Bras avait miné des piliers et rendu le pont inutilisable en coupant le chemin sur une largeur d'une centaine de pieds. Le courant avait emporté des arbres. Le cours d'eau était sorti de son lit en plusieurs endroits entre La Guadeloupe et Saint-Benoît.
Le ministère québécois des Transports s'était donné un délai d'une semaine pour décider si le pont endommagé allait être réparé ou démoli.
Le pont couvert n'était pas suffisamment large pour permettre la circulation de machinerie aratoire. Il était interdit au trafic lourd.
Interrogés par LE SOLEIL, des résidents du rang ont confié avoir souhaité que le ministère construise un nouveau pont qui allait être plus utile aux gens du coin. L'incendie a exaucé leur voeu.
Après cet incendie, la région de Saint-Éphrem n'a plus qu'un pont couvert, celui qui est situé dans le rang 7 en direction de Sainte-Clotilde.
Source : Le Soleil, Dimanche, 9 août 1992, p. A3. Un texte de Fortunat Marcoux
À Saint-Ephrem-de-Beauce
Un pont dans sa cour
Quand Pierre Mathieu, de Saint-Ephrem-de-Beauce, a déménagé le pont couvert incendié Napoléon-Grondin sur son terrain et qu'il a entrepris de le rénover, le village tout entier l'a traité de fou.
Ses enfants faisaient rire d'eux, ses petits-enfants essuyaient les méchantes blagues des copains. Les mauvaises langues ne se sont tues que plusieurs mois plus tard, parce que le docteur du village a pris position en faveur du pont.
C'était en 1993. Aujourd'hui, l'électricien et patenteux à la retraite a remonté le pont, qui trône majestueusement dans sa cour. Un filet d'eau venant d'un tuyau d'aluminium coule en dessous.
M. Mathieu veut en faire un site touristique. Il travaille à produire un vidéo et une pancarte racontant l'histoire du pont. Rien n'est impossible pour l'entêté beauceron défenseur du patrimoine. «J'ai toujours été un peu fou. Alors une folie de plus ou de moins...», raconte en rigolant le retraité de 66 ans. Il assume ses coups de coeur. Mais il déplore que d'autres que lui aient été écorchés au passage. «J'avais fait la folie, j'étais prêt à l'assumer, mais mes petits-enfants, eux, n'avaient rien fait», dit-il.
Le pont Napoléon-Grondin, construit en 1933, était classé monument historique... grâce à M. Mathieu. En 1992, une inondation l'a vidé d'une partie de ses fondations. Il penchait dangereusement sur le côté alors il fallait le rénover, ce que le ministère des Transports s'apprêtait à faire. Les habitants des environs voulaient cependant une construction neuve. Le pont était à environ huit kilomètres de chez Pierre Mathieu.
Un soir, le pont a pris feu. Incendie criminel. Il était désormais hors de question de le rénover pour le ministère des Transports, qui s'apprêtait à le démolir. Après moult tractations avec les autorités gouvernementales pour empêcher le fait, M. Mathieu a réussi à obtenir le montant consacré à la démolition du pont pour le déménager. Il l'a donc amené sur son terrain avec la ferme intention de le rénover.
Le plancher, mouillé lors de l'inondation, était à peu près intact. Les murs étaient cependant extrêmement abîmés. Au nom de la Société du patrimoine de Saint-Ephrem, dont il est président et fondateur, M. Mathieu a reçu des subventions, minimes. Il a aussi obtenu l'aide de travailleurs grâce à des programmes gouvernementaux. Cela lui a pris six mois pour rénover le pont. Il fallait user d'ingéniosité pour récupérer les pièces de bois en mauvais état, les mettre au bon endroit. M. Mathieu lui-même a déboursé près de 6000 $. Un de ses amis membre de la Société du patrimoine de Saint-Ephrem a aussi beaucoup donné. D'aide du village, niet. La paroisse compte pourtant 1300 habitants.
«C'est notre patrimoine et les gens n'en sont même pas conscients», déplore M. Mathieu. La Société du patrimoine de Saint-Ephrem est née en 1982 du besoin de sauvegarder l'ancienne sacristie de l'église, qui date de la fin du siècle dernier. Après la rénovation du pont, M. Mathieu veut faire celle de l'ancienne gare qui a un jour été installée dans un wagon de chemin de fer. Il a déjà récupéré le monument qu'il garde dans sa cour à côté de la pancarte typique aux deux bras entrelacés indiquant le nom de la gare: Saint-Ephrem station.
Cohérent avec lui-même et la conservation du patrimoine qu'il prêche, M. Mathieu habite la maison familiale centenaire qui a appartenu à son grand-père. L'ancien y côtoie quelques concessions à la modernité. L'intérieur est frais et accueillant et un magnifique poêle ancien trône au milieu de la cuisine. Quand il parle de pont couvert, il s'enflamme. Il accueille d'ailleurs avec plaisir tous ceux qui viennent admirer le pont Napoléon-Grondin dans son nouvel environnement. Il leur demande de signer sur les murs, histoire de prouver, peut-être, qu'il n'avait pas tort de faire une folie pour préserver ce petit morceau de patrimoine.
Source : Le Devoir, mardi le 25 juillet 1995, p. A1. Un texte de Rachel Duclos.
vendredi 26 septembre 2008
Retour sur l’incendie du pont Napoléon-Grondin