Ajout du pont du Village de St-Adelphe dans la section des ponts disparus. Ne manquez pas de visiter la page du pont du Village de St-Adelphe pour un survol de l’histoire de ce pont couvert de la région de la Mauricie. Il aura traversé la rivière Batiscan de 1924 à 1966. Ce pont était vraiment magnifique. Sa traverse pour piétons lui donnait une allure particulière. Situé dans un endroit stratégique et donnant un accès direct au village, il faisait partie intégrante de la vie de tous les citoyens. Madame Luce Bordeleau, résidente de St-Adelphe, a écrit un superbe texte sur l’histoire de ce pont. Grâce à son aimable autorisation, ce texte est reproduit ci-dessous :

Mémoires d'un pont couvert

Depuis quelques années, je fais la manchette de plusieurs journaux et je suis le sujet de bien des conversations. Je commence à exister sur papier.

En janvier 1924, le Conseil municipal examine mes devis et accepte ma construction. Enfin mon rêve se réalise : je remplacerai mon homologue devenu dangereux. Je serai à la hauteur! Imaginez : 338 pieds pour enjamber la rivière et une longue durabilité!

M. le curé Ferron écrit de moi : « Le pont fut bâti en trente et un jours au coût de huit mille piastres à la paroisse et huit mille piastres au gouvernement ».

Pendant près de quarante ans, j’assume mes responsabilités avec fierté et courage. J’en reçois des coups de sabots, j’en entends des roulements de pneus, des confidences d’amoureux! C’est même défendu de me trotter sur le dos et, par prudence, une assurance de trois mille piastres me protège contre le feu.

Vers 1937, des réparations mettent en doute ma durée de vie. Et dans les années 60, je refais les manchettes. Mes beaux jours semblent comptés : le Conseil veut me reconstruire parce que je suis trop étroit, trop bas; je suis devenu un obstacle à l’expansion et au développement. Le gouvernement me sauve la vie en répondant au Conseil : « qu’il ne peut être question pour le moment de remplacer ce pont qui est d’envergure et qui est encore serviable. » J’en suis tout honoré. Les autos et les transports lourds continuent à me briser les reins. La grogne s’installe et après bien des démarches et entrevues à Québec, je suis condamné à la démolition en novembre 1965. Le Conseil est unanime et pour s’assurer de ma disparition, il autorise la construction d’un nouveau pont coulé dans le béton.

Mes derniers jours sont atroces. Je dois les vivre en côtoyant jour et nuit mon remplaçant, arrogant, orgueilleux, qui me harcèle avec son jour d’inauguration. Parce que là, ce sera ma fin… à moins qu’un bon samaritain me garantisse une retraite confortable. Je suis encore beau, d’envergure, serviable; je pourrais être promu monument historique.

Hélas, aucune offre de prise en charge pour assurer ma survie! Je suis démoli!

Heureusement, aujourd’hui, grâce à des photos, je revis dans l’imaginaire des gens.

Et vous pouvez encore rêver de moi si vous allez rue de la Chapelle. Remarquez la butte de terre au milieu de la rivière et j’ai encore toute ma mémoire !!!!

 

Luce Bordeleau

En terminant, voici 2 articles de journaux qui parlent du pont couvert de St-Adelphe. Déjà le projet de destruction du pont faisait couler beaucoup d’encre.